Le débat sur la restitution des biens culturels en Afrique s’est amplifié avec le processus acté de la restitution des biens culturels à quelques pays africains, notamment le Bénin en 2021. Ce processus de restitution n’a pas été qu’un simple « terrain » d’expression d’enjeux de politiques publiques culturelles et diplomatiques entre le Bénin et la France. Il soulève des préoccupations socioculturelles et scientifiques relatives à la recherche de provenance ou encore à la patrimonialisation des œuvres restituées. De même, il fait appel aux rapports sociaux que ces œuvres entretiennent avec leur environnement ou au-delà, il se penche sur les discours sociaux et les pratiques sociales observés, ainsi que les dispositifs (in)formels de patrimonialisation des œuvres. Et enfin, il met en évidence une confrontation entre les logiques d’acteurs et des enjeux différenciés (logiques socio-politiques et juridiques, enjeux de coopérations politiques et la trame de la négociation sociale) autour des œuvres restituées. C’est tout l’intérêt du présent programme scientifique interdisciplinaire porté par des universitaires, des professionnels du patrimoine culturel et des sachants impliqués à diverses étapes du processus de restitution des biens culturels. Dans une perspective heuristique, ce programme tente d’interroger les « ailleurs » de la restitution à travers une lecture « vu d’en bas » croisée avec des dynamiques « d’en haut » pour finir par générer des modèles tant théoriques qu’opérationnels à partir des études thématiques, des recherches académiques, de rencontres scientifiques et de supports de vulgarisation/capitalisation.

L’essentiel du programme consiste à poser les bases théoriques et empiriques d’une démarche scientifique autour de la notion de la restitution des œuvres au Bénin. Pour y arriver, les chercheurs de différents ordres veilleront à documenter non seulement les registres interprétatifs, les savoirs, les usages sociaux et les dimensions esthétiques que mobilisent lesdites œuvres mais aussi les formes d’appropriation et les (nouveaux) rapports que tentent d’établir les catégories sociales sans oublier les (dis)continuités avec leurs fonctions sociohistoriques dans le royaume du Danxomè. Les travaux offriront des pistes et des alternatives pour mieux saisir la coopération patrimoniale, le cadre opérationnel (empirique) de patrimonialisation des œuvres, les nouveaux « statuts » et « rôles » qui leur sont associés avec leur « passage » aux collections nationales ainsi que les dynamiques d’enculturation observées à l’occasion de leur accueil et de leur première exposition aux publics.